Résumé |
Depuis ses origines qui remontent au XIXe siècle, l’économie sociale et solidaire évolue en permanence car elle traduit le souci des acteurs d’être plus représentatifs, donc plus légitimes et plus efficaces pour discuter avec la puissance publique et peser sur ses orientations. La “réinvention” de l’économie sociale dans les années 1970 soulève le problème de son institutionnalisation que seule l’exploration du double mouvement d’organisation d’une société civile et d’intégration aux politiques publiques permet de comprendre. Au cours des années 1980, s’ajoute l’économie solidaire à l’économie sociale historique, issue de la réunification des familles coopérative, mutualiste et associative. Dans les années 2000, l’économie sociale et solidaire est remise en question par un nouveau courant : l’entrepreneuriat social. Au tournant de 2010, en pleine crise économique et sociale et crise de la dette, la notion accède à la reconnaissance au niveau européen pour substituer les entreprises aux États dans la lutte contre les exclusions. L’analyse se concentre sur les trois principaux cycles de cette institutionnalisation pour saisir la structuration du champ de l’Économie sociale et solidaire (ESS) amorcée par Michel Rocard, suivie par la création d’un secrétariat d’État à l’Économie sociale puis la convergence de l’économie sociale et de l’économie solidaire et enfin la loi de reconnaissance de l’ESS du 31 juillet 2014. L’ESS ne peut être appréhendée qu’à travers son institutionnalisation, produite par un double mouvement d’organisation de la société civile et d’intégration dans les politiques publiques.
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