Transport maritime, danger public et bien mondial

Titre Transport maritime, danger public et bien mondial
Auteur LILLE, François ; BAUMLER, Raphaël
Date 2005
Pagination ou Durée d'écoute 412 p.
Résumé Les auteurs viennent de la marine marchande. L'un est sociologue, l'autre économiste. Selon eux, la marine marchande anticipe aujourd'hui ce que promet demain la mondialisation ultra-libérale à la planète. S'attaquer à ses déviances est une entrée pertinente, une expérimentation significative, en grandeur réelle, dans la nécessaire régulation drastique de l'économie mondiale. Le transport maritime représente en effet un secteur d'activités essentiel : 80 % des marchandises échangées dans le monde passent par la mer. International par nature, le transport maritime est, depuis ses origines, confronté à la mondialisation. L'ouvrage commence par évoquer l'évolution de l'entreprise maritime au cours des temps, avec la longue suite de traités, conventions, chartes et autres accords internationaux. Son organisation repose sur trois piliers : l'armateur (propriétaire du navire), l'affréteur ou chargeur (le propriétaire des marchandises à transporter) et l'État du pavillon, c'est à dire le pays qui garantit la nationalité du navire. Cet État est responsable de l'application par ses nationaux des accords internationaux et assure la police dans ses ports d'escale et les eaux relevant de sa souveraineté. Survient la décolonisation. De nombreux pays accèdent à l'indépendance avec les mêmes prérogatives et responsabilités que les autres États du pavillon, sur le plan maritime. Ils viennent accroître le nombre de pays, indépendants depuis plus longtemps et qui, comme eux, n'ont pas les moyens - ou la volonté - d'assumer les responsabilités et d'assurer les contrôles requis. D'où la tentation pour les armateurs de faire immatriculer leurs navires dans ces pays à la liberté totale, sans contrainte sociale, administrative ou fiscale. Aujourd'hui 62 % de la capacité totale du transport maritime international est sous complaisance. Celle-ci se développe rapidement avec le système de déréglementation croissante dans l'économie mondiale qui la conditionne et l'alimente : paradis fiscaux, sociétés écrans, etc. Les conséquences sont l'impunité fiscale, un mépris des règles de sécurité et des conditions de vie et de travail à bord, un mauvais entretien des navires, des marins sous-payés, avec retard... voire pas payés du tout. Que faire ? Retrouver l'équilibre antérieur, en restaurant et renforçant l'autorité du politique sur l'économie ; restaurer l'identification, le statut et la responsabilité de l'armateur, véritable propriétaire du navire et responsable de son exploitation ; renforcer et contrôler, avec sanctions à l'appui, le lien réel du navire avec l'État du pavillon et imposer un contrôle rigoureux des navires dans les ports d'escale ; enfin, s'attaquer au courant de déréglementation, aux paradis fiscaux, aux sociétés écrans... Si tout cela était sérieusement entrepris, les marins, chronologiquement premières victimes, pourraient rêver de devenir l'avant-garde d'une autre mondialisation, celle des droits humains et du respect écologique.

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