| Résumé |
« Vendre en circuit court nécessite pour les agriculteurs d’internaliser divers métiers liés à la production, à la transformation et à la distribution des produits alimentaires. Dans ces conditions, il leur est difficile (en termes d'organisation du travail) et coûteux (en termes d'investissement) d'obtenir simultanément de bons niveaux de productivité dans les différents métiers, ne serait-ce que pour des raisons d'économie d'échelle. Cette communication rend compte d’une recherche visant à analyser la façon dont se répartissent les gains de productivité entre les différents métiers dans diverses exploitations agricoles québécoises commercialisant en circuits courts. En mobilisant les travaux relatifs au concept de système d’activités et les acquis méthodologiques de la méthode bilan travail adaptée à la fois au contexte québécois et à ce type d’exploitation agricole, nous avons analysé l’organisation du travail de 32 exploitations agricoles engagées dans les circuits courts et tenté de déterminer la façon dont se répartit la valeur ajoutée et les temps de travail entre les différents métiers. L’analyse de la productivité apparente du travail dans les différents segments d’activité internalisés par les exploitations montre tout d’abord une très grande diversité des situations. Chaque exploitation est différente, chaque organisation du travail est le fruit de la combinaison d’une histoire et de choix personnels, de facteurs de production très divers et de compétences spécifiques. Dans l’ensemble, on note toutefois une faible productivité au niveau de la production, généralement compensée par une meilleure productivité dans les autres segments d’activité, de sorte que la viabilité financière de la majorité de ces systèmes repose, au final, sur les performances en transformation ou en distribution. Nos résultats confirment que les agriculteurs commercialisant en circuits courts consacrent beaucoup d’efforts pour faire vivre leur exploitation, efforts pas toujours rémunérés. Ils témoignent aussi de l’Importance de prendre en considération l’ensemble du système d’activités du ménage, ainsi que la dimension cognitive du travail et de son organisation : sous-productivité et faible rentabilité ne sont pas nécessairement synonymes d’une viabilité précaire. »
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CDTM de Paris
Centre de ressources sur le commerce équitable
