En 1989, la libéralisation des prix mondiaux du café a contraint les petits caféiculteurs mexicains à s’orienter vers la production d’un café de qualité (puis bio), pour survivre face aux multinationales et accéder à des marchés de niche plus rentables, soutenus ensuite par l’émergence du commerce équitable. L’État du Chiapas, principal producteur de café, a connu une intense mobilisation paysanne dans les années 1970, qui a abouti à la création d’organisations de producteurs, puis à la création de coopératives caféicoles, qui se sont multipliées dans les années 1990 et ont continué à se développer au cours des dernières décennies, conduisant à la remobilisation des institutions publiques, disparues dans les années 1980. Aujourd’hui, le Mexique est l’un des 10 premiers pays producteurs de café dans le monde, avec un secteur caféicole hétérogène et des organisations de producteurs aux trajectoires divergentes : la plupart des coopératives ont obtenu la double certification bio et commerce équitable, ce qui leur garantit un accès aux marchés d’exportation de niche et des prix décents ; celles qui n’ont pas suivi ce modèle sont en grande difficulté, voire ont disparu. Ces dysfonctionnements du secteur caféicole mexicain reflète les relations tendues entre les petits producteurs et les institutions publiques, qui n’ont pas su les accompagner dans leur adaptation aux marchés.
FOLCH FLORES, Albert ; Universitat de Barcelona, Facultat d’Economia i Empresa, Doctorado en Historia Económica, 2024, 539 p. - Site tdx.cat