Cette recherche porte sur des coopératives de café dans le piémont andin au Pérou, intégrées au système Fairtrade depuis au moins 15 ans et donc bien intégrées au marché. Ces coopératives sont aussi labellisées bio et durable. La production de café dans cette région est assez ancienne. Petit à petit, elle est même devenue une monoculture au détriment des cultures vivrières. Les producteurs sont donc plus vulnérables et dépendent du cours du café, ce qui a entraîné une grave crise économique dans les années 1990. Les pouvoirs publics péruviens ont alors encouragé la production d’un café de qualité et incité à la création de coopératives pour améliorer les techniques agronomiques, permettre aux producteurs de s’équiper du matériel nécessaire au séchage du café, etc. La prime Fairtrade est consacrée au développement d’infrastructures, d’équipements, de services de crédit et de formations. Le prix de vente de ce café de qualité est vite attractif pour les producteurs. Mais la certification Fairtrade ne gomme pas les inégalités. Les producteurs ayant de plus grandes surfaces ont un meilleur revenu, surtout ceux qui complètent leur activité avec de l’élevage. Quant aux « petits » producteurs qui gèrent par eux-mêmes ou avec leur famille leur activité, ils n’ont pas pu s’équiper, produisent un café de moins bonne qualité qu’ils vendent à des prix peu rémunérateurs. Ils deviennent alors une main d’œuvre au salaire minimum péruvien, pour les « grands » producteurs dont les revenus sont, au minimum, 3 fois supérieurs. Il faut que Fairtrade recentre ses activités et favorise l’intégration des plus vulnérables en diminuant les avantages des « grands » producteurs. Les nouveaux standards de Fairtrade (2018) vont dans ce sens. Désormais les coopératives doivent compter 66 % de « petits » et non 50 % comme précédemment.
BOUEDRON, Elise ; COCHET, Hubert ; BELCHI, Paul - In Revue Internationale des Études du Développement, 4ème trimestre 2019, n° 240, 30 p. (pp. 147-175) - Paris, Éd. La Sorbonne